Le meilleur ami du facteur

Illustration : Huge

Quelques libres reflexions sur le meilleur ami
de l'homme et sur son propriétaire.

 


Du danger d'être facteur.

Les facteurs et autres fonctionnaires qui doivent, pour accomplir leur travail, se rendre aux domiciles de personnes détenant des chiens n'ont pas un travail de tout repos. Contrairement à l'idée reçue propagée par les ultra-libéraux, ils ne sont nullement des privilégiés. En effet, pour le seul département de la gironde, d'après des chiffres communiqués par la CGT, en 1999, 60 facteurs ont été gravement mordus par des chiens. Celà a entraîné 140 jours d'ITT (interruption temporaire de travail). Si l'on multiplie ces chiffres avec celui des 95 départements français, on obtient 6 000 facteurs mordus et 14 000 jours d'ITT par an.

 

Entrave au libre deplacement.

L 'article n° 4 de la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen qui sert de préambule à la constitution française fait observer que : " La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui." Or, laisser divaguer des chiens dangereux nuit gravement à la liberté d'autrui en ce qu'elle rend perilleux le déplacement de chacun dans l'espace public. L'espace publique qui inclut les voies publiques qui sont autant les grandes artères de nos villes que les chemins vicinaux de nos campagnes sont censés être des lieux où tous les citoyens peuvent se déplacer librement. Or une minorité d'habitants de notre pays, les propriétaires de chiens qui laissent vaquer leurs animaux partout ou la loi leur defend d'être, ont aliéné cette liberté que nous avons tous de nous déplacer dans un espace public sûr.

 


Ce sharpeï n'a pas lu le titre IV de l'article 99-6
du code de la santé publique.


Colonisation de l'espace public.

En se rendant acquéreurs d'un chien, et en ne respectant pas les règles relatives à leur possession c'est à dire en les laissant divaguer en ville comme à la campagne, et en ne les tenant pas attachés en ville, les propriétaires de ces animaux s'approprient au bénéfice de leur bête (que le droit français considère comme un meuble, donc un objet privé) l'espace publique.

 


 

Vocabulaire fascisant.

Le vocabulaire employé par les ardents cynophiles est édifiant pour parler du promeneur. Celui-ci dans les livres descriptifs des chiens, et dans la presse cynophile devient un rôdeur ou un étranger. "Méfiant avec les étrangers" ... "agressif avec les rôdeurs" sont des expressions courrantes et qui, comble de l'horreur et de l'imbécilité, sont utilisée pour vanter les qualités d'une race. Terminologie aberrante et xénophobe qui criminalise le promeneur, vocabulaire paranoïaque de qui voit le danger partout et qui révèle une pulsion d'autodéfense et de misanthropie.

 

Les lance-roquettes.

Il y a plusieurs sortes de lance-roquettes, et aucune d'entre elles n'est plus particulièrement dangereuse qu'une autre. En effet les lance-roquettes ne sont pas dangereux, c'est la manière dont on les utilise qui peut provoquer des accidents. Remplacez "lance- roquette" par "chien" et vous aurez une idée très précise des arguments utilisés par les chantres des chiens d'attaque : certains éleveurs, dresseurs et vétérinaires, bref ceux l'augmentation permanente du nombre de chiens profite, pour vilipender la loi encadrant la détention des chiens et les obligations qui y sont attenantes. Ils oublient que c'est très exactement parce que les lance-roquettes peuvent tomber dans de mauvaises mains que le législateur en a banni la libre possession dans notre pays.