Les chiens dangereux à la mode

"Le chien est un produit de consommation courante vendu sans mode d'emploi."
( Monique Bourdin, Professeur à l'école vétérinaire de Maison-Alfort.)

Le chien, contrairement aux idées suscitées par le fantasme et l'ignorance, est un animal prédateur animé par des instincts de défense, de conquête et de conservation de territoire et de dominance sexuelle. Il partage d'ailleurs certaines de ces caractéristiques avec d'autres mammifères, comme l'homme par exemple.

Si la domestication a favorisé certaines stratégies comportementales, elle n'a pas "effacé l'essentiel du répertoire comportemental du canidé sauvage" explique J.C Filiatre, spécialiste du comportement animal dans "Biologie et animal ".

 

Hiérarchie chez le canidé.

Dans une meute, à l'état sauvage, le canidé vit dans une hiérarchie très rigoureuse, au sommet de laquelle est un dominant auquel les autres sont soumis. L'autorité est parfois remise en cause par un téméraire qui peut devenir chef à son tour au prix d'un affrontement. Les chiens que l'ont peut voir -hélas- vagabonder en groupe sont soumis dès qu'ils sont ensemble à l' effet de meute. Lorsque plusieurs chiens dévorent une fillette, un vieillard, ce qui ne manque pas d'arriver chaque année, un expert vétérinaire apparait dans la presse pour dire "c'est l' effet de meute". Et puis, plus rien, le vrai coupable n'est évidemment pas l'"effet de meute", mais le propriétaire de l'animal qui ignore ou feint d'ignorer cette particularité de son "meilleur ami".

Dans la meute humaine, il arrive souvent au chien de se croire le chef. Mais qu'importe si des "amoureux des bêtes" prennent du plaisir à être mordus chez eux par leurs propres animaux de compagnie et dominés à leur insu. Ce qui, par contre est intolérable, c'est qu'ils laissent par négligence leur animal agresser chaque jour des personnes qui n'ont pas demandé à l'être ou qu'ils puissent mettre en danger la vie des membres de leur famille les plus faibles, les plus inaptes à se défendre, c'est à dires les enfants, victimes de 70% des morsures prodiguées par le meilleur ami de l'homme.

 

Tous les chiens sont
potentiellement dangereux.

Il convient de se méfier des chiens dans leur ensemble. Le plus petit, porte en lui une capacité de prédation liée à ses origines. Le cas récent d'un bébé dévoré par des jagdterriers (petits chiens pugnaces) nous le confirme. D'après le témoignage d'un des gendarmes présents sur les lieux, l'enfant avait été "rongé jusqu'à l'os ".

 

Certains sont plus dangereux que d'autres.

Evidemment, la gravité des risque augmente proportionnellement avec la taille des animaux et la taille de leurs mâchoires; ce ne sont, alors, plus seulement les enfants mais aussi les adultes qui sont des proies potentielles.

C'est aussi parce qu'ils sont les descendants d'animaux créés et selectionnés pour la chasse, la guerre, le combat, et la garde que de nombreux chiens peuvent se montrer particulièrement dangereux.

 

photo : DR

 

En plus des traditionnels et inévitables bergers allemands et dobermans, méfiez vous surtout des molosses de type "dogue", des molosses comme les chiens de bouviers et les chiens de montagne, mais aussi de certains terriers, ainsi que les chiens de prise pour la chasse. Egalement, il faut craindre les chiens de l'arctique ( spécialement les malamutes et les samoyèdes), qui sont de redoutables chiens de garde. Les chiens pris en compte par la loi du janvier 1999 comptent parmi les plus potentiellement dangereux, ne serait-ce que par leur gabarit et la puissance de leur mâchoire. Mais de nombreuses races dangereuses pourraient rapidement les rejoindre : dogue argentin, perro de presa canario ou majorquin, cane corso, mâtin de Naples, dogue de Bordeaux, bullmastiff, bandog, sharpeï, rhodesian ridgeback, kangal et autre american bulldog...

 

Toujours plus nombreux et dangereux.

Ces dernières années en France, la population de chiens dangereux a augmenté de façon exponentielle. La Préfécture de Police de Paris révèle que leur nombre a quintuplé entre 1994 et 1997. Depuis, plus de chiffres communiqués, sans doute est-ce trop effrayant. La loi du 6 janvier 1999 prend en compte ce nouveau problème de sécurité publique. Il procède sans doute d'un malaise, général dans les sociétés occidentales ravagées par un libéralisme incontrôlé, qui fait qu'un nombre sans cesse croissant de personnes recherche la compagnie d'animaux d'origines exotiques (Argentine, Japon, Afrique du Sud…) qui ont été repérés uniquement pour leur férocité et leur faculté à rassurer leur détenteur. En effet l'amour des animaux a souvent bon dos lorsqu'il s'agit de chiens, un nombre incalculable de propriétaires battent les leurs ou les font vivre dans des conditions stupéfiantes. Il serait souvent plus honnête de reconnaitre que la possession d'un chien potentiellement dangereux est dictée par une de ces deux alternatives : "J'ai peur de tout, alors j'ai un gros chien" ou "Je ne suis pas grand chose, mais avec un molosse on me respecte".

 

Nos limites.

On remarquera que des apprentis-sorciers se mêlent de croiser entre eux des chiens de la liste sous-citée et/ou avec d'autres chiens réputés dangereux et ce, à seule fin de créer de nouveaux chiens, toujours plus impressionnants et plus agressifs. Nous ne pouvons donc pas procéder ici à l'identification de tous les bâtards possibles, car au moment ou nous écrivons ces lignes, de joyeux drilles imaginent et réalisent, dans de petits coins de campagne ou dans des caves d'immeubles les saillies les plus insolites. Des "nouveautés" sont appelées à naître chaque jours.

 

Reconnaître l'ennemi potentiel.

En attendant une loi plus stricte et mieux documentée, et qui inciterait les maîtres à un minimum de responsabilité et à un minimum de connaissance de leurs animaux, cela permet à n'importe qui de s'armer en toute légalité. Lorsque vous saurez qui sont ces chiens, vous pourrez mieux les reconnaître et mieux éviter de les rencontrer de trop près.